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CellulairementDorothée Smith
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Cellulairement-Panorama 14
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DESCRIPTION
Cellulairement, étude pour spectres, camera thermique, puce électronique sous-cutanée et transfert de données cellulaires.
Ce projet s'accompagne d'un documentaire iPhonographique et thermographique, et d'un site internet pour smartphones : http://cellulairement.net
Que signifie hanter ou être hanté ?
Cellulairement entend élucider le sentiment de hantise, à travers la figure du spectre, résidu d’identité caractérisé par une visibilité invisible, capable d’une existence désincarnée. Il s'agit pour l'artiste de transformer son propre corps en réceptacle de spectres, par la mise au point d'un dispositif lui permettant d'être ponctuellement hantée par chacun des visiteurs de l'exposition.
Dorothée Smith interroge ici l’identité à partir de la question de son reste : peut-on survivre à la perte de son corps propre ? Sous quelle forme peut-on conserver la trace vive d’une organicité absente ? L’enjeu n’est pas ici de faire surgir des fantômes de l’imagination, en agitant le spectre du surnaturel, mais de suivre le parcours, en cinq temps, d’une empreinte biologique qui "hante" littéralement le corps d’un autre.
1er temps : le portrait thermique du visiteur, capté par une caméra infra-rouge, est projeté sur son corps ; cette image, qui rend visible les ondes de chaleur du sujet, correspond à une empreinte biométrique, unique et inaliénable.
2e temps : treize points de chaleur sont capturés sur le visiteur, puis transmis à l'artiste équipée d’une puce électronique sous-cutanée lui permettant d'incorporer le spectre du visiteur ; et de transmetteurs thermiques disposés sur son corps, lui permettant de ressentir la présence du visiteur en temps réel.
3e temps : les données thermiques de l’artiste hantée par le visiteur sont récupérées à travers une série de capteurs, et transmises à une base de données inventoriant les spectres, consultable sur le site web du projet en temps-réel.
4e temps (en développement) : une micro-puce implantable contenant les données biométrico-spectrales de l'artiste est proposée, via le site web, aux visiteurs souhaitant être hantés par cette dernière.
Elle imagine ici une expérience limite où le moi, confronté à la menace de sa disparition, trouve dans la biotechnologie le moyen de sa résistance. L’expérience produit un double mouvement dialectique : le dispositif spéculaire confronte le visiteur à un portrait inédit de soi, quand l’utilisation de la puce l’en dépossède pour aliéner l’intimité de l’artiste. Bien qu’ayant surtout alimenté les fantasmes de la science-fiction, cette conception d’une télé-présence nourrit aujourd’hui tous les espoirs des techno-rêveurs, qui y voient la possibilité de stocker un extrait de leur substance, et de se réaliser en tant qu’avatar. Mais par-delà l’imaginaire porté par cette biologie dénaturalisée, c’est la possibilité d’une conscience déterritorialisée qui est mise en question : l’identité est-elle un objet comme les autres ? Peut-on soutenir une ontologie de la trace ? En mimant le procédé expérimental, sans le réaliser pleinement, Dorothée Smith ne tranche pas et joue dans les marges indéterminées de la science et de la philosophie. Conçue comme une poésie purement spéculative, la proposition découvre un asile virtuel pour l’identité d’un corps déconstruit.
Texte de Florian Gaité, doctorant en philosophie (SOPHIAPOL, Université Paris-Ouest-Nanterre), critique, commissaire d'exposition.
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PARTENAIRES
Ce projet fait l’objet d’un partenariat avec l’équipe 2XS, projet de recherche du CNRS, de l'IRCICA et de l'Université Lille 1.
2XS/POPS (Laboratoire IRCICA : CNRS/Université Lille 1).
Equipe : Emmanuel Debriffe (production), Thomas Vantroys (Equipe 2XS / IRCICA, programmation RFID), Adrien Fontaine (Programmation Kinect), Michel Peneau/Mmind (développement web et graphisme), Zélia Smith (Opéra de Lyon, création textile).