• Sing under
    Jung Hee Seo
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Sing under-Panorama 14

  • DESCRIPTION

    Tout d’abord, il y a la sensation d’une rupture dans l’ordre du monde. Les retombées d’une catastrophe dont les traces marquent leur empreinte sur les corps et les esprits. Que tous ont vécu mais que chacun ressent différemment, aussi bien dans sa chair que dans une construction mentale de l’événement. Car si ce dernier est la répétition d’un désastre évitable et pourtant reproduit, il est, pour chaque individu, un drame inédit et personnel. Sur l’écran, le corps d’une femme : sans visage et sans nom, son identité se résume à un symptôme, un écoulement de sang noir et visqueux. Contamination et radiation s’imposent sur l’image et dans l’esprit : le symptôme n’apparaît pas seulement comme précurseur de la maladie, il est aussi l’élément déclencheur de l’inquiétude, de l’angoisse qui étreignent le malade et son entourage. Dans une atmosphère froide, où le minimalisme est atteint par l’épure la plus totale des décors, Jung Hee Seo évoque les traces de cette contamination, ses effets sur la femme, alors dénudée sans pudeur, mise en quarantaine par des silhouettes anonymes. La technique de narration privilégie une succession de plans-séquences, qui montrent plus qu’ils ne racontent les événements les uns après les autres. Elle crée ainsi une atmosphère oppressante qui place le spectateur face à ses propres sensations, ses propres angoisses, elles-mêmes profondément ancrées dans l’inconscient collectif. Récit moderne de l’extinction inéluctable de l’humain ou mythe millénaire d’un déluge biblique, Sing Under met la femme au centre de son propos, déshumanisant le corps pour le présenter dans son animalité brute, organique, alors que sont filmés les effets néfastes d’une contamination d’origine inconnue. Sans visage, sans nom, sans mémoire, cette femme pose la question de sa propre réalité, confrontant ainsi le spectateur à la tangibilité du propos. Audrey Chaix