• Panorama 14
    Armand Morin

Panorama 14-Panorama 14

  • DESCRIPTION

    Les frontières bougent. Des pays manquent quand d’autres éclatent, des zones se déterminent, s’indéterminent, redessinent des territoires sur des parcelles ensevelies. Des bribes de nouvelles vies s’inventent et balisent d’autres déroutes – entre des météores tombés du ciel et des édifices écroulés, parfois ressortis de sous la terre.
    Au départ il y avait hier. Les ruines, paysages témoins d’un monde qui tantôt tourne, s’accidente, accélère ou se muséifie. Ce qu’il garde en mémoire régénère sur la carte le tracé d’un parcours qui fera sens – ou non.
    Par méthode à la fois globale et fragmentaire, Armand Morin va à la rencontre de lieux qu’il dit documenter tout en ouvrant des récits par extraction de matières, de lignes d’écriture du temps et d’histoires corollaires. Les trajectoires s’acheminent vers des sphères télescopées où le mythe côtoie la roche, et où l’œil foule le pas de près.
    Par des opérations de captures et de mises en fiction, l’artiste engage des traversées en contrepoint guidées par les phénomènes d’érosion, de déplacement ou d’édification. Autant de mouvements et d’échelles d’un réel qui, passé au filtre de ses représentations, se réalise parfois dans le corps d’une œuvre : microcosme à l’écosystème propre érigé d’après nature ou par évocation – au souvenir d’un grand canyon, d’une carrière ou d’un gratte-ciel.
    Derrière ces espaces-temps démantelés, le fil demeure l’histoire. Celle qui se trame du fin fond de l’Arizona aux banlieues de Miami, de nos architectures post-modernes aux vestiges de Pompéi, sur les surfaces d’expériences – rapportées en creux – d’un être ici et ailleurs en même temps. De l’Histoire fondant nos civilisations comme de celle formant le socle d’une liberté fondamentalement poétique de l’homme.
    À l’heure où certaines s’écrivent en huis clos, d’autres projettent autant de fables qui dans la pierre, sous les cloches vitrées d’un diorama, ou sur la scène d’un théâtre à l’italienne, un jour se verront balayées par une tempête de sable.

    Leïla Quillac