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Mirrors Float UsAnaïs Boudot
Mirrors float us-Panorama 14
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DESCRIPTION
Une image apparaît là, dans une boîte. Un dialogue, une confrontation, entre elle et nous s’instaure. Nous l’observons donc. Très vite, un sentiment singulier nous retient. Cette image, a priori fixe, nous trouble; vibrations subtiles, dédoublements, scintillements, sensations de mouvements imperceptibles. Est-ce une photographie ? Un objet filmique ? Un long plan-séquence fixe ? Le doute s’empare de nous et Anaïs Boudot nous emmène dans son univers magique et troublant, à la lisière du cinéma et de la photographie.
L’exploration contemporaine de nouveaux moyens photographiques fait parfois appel à des techniques tombées en désuétude. Le travail d’Anaïs Boudot repose sur l’une d’entre elles : la stéréoscopie. Il s’agit d’un procédé mis au point à la fin du XIXe siècle, contemporain de l’apparition de la photographie, qui permet de créer des images en relief grâce à l’enregistrement binoculaire d’un sujet. Pour comprendre cette technique, il suffit de regarder son doigt d’un œil, puis de le fermer et le regarder de l’autre. L’objet perçu subit un effet de parallaxe. Les deux yeux ouverts rétablissent l’équilibre. Les images présentées se fondent l’une dans l’autre, créant ainsi un effet de profondeur et de mouvement.
La photographe procède par hybridations des médias et interroge davantage le photographique que la photographie. Ses images nous rappellent que toute chose est mouvante, le corps, le paysage, la lumière qui s’y pose. Nuances imperceptibles que la vision ne peut saisir pleinement.
Anaïs Boudot pose ici la question du regard, de la temporalité des choses, en s’immisçant dans l’inframince de la dilatation in extenso du temps où le mouvement peut se décomposer à l’infini. Ce travail sur la temporalité nous renvoie à notre propre positionnement face aux images. Est réactivée ici l’idée du simulacre. Happés, hypnotisés par un monde saturé d’images, que voyons-nous vraiment ?
_ Valéry Poulet