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Le Dragon d’orChristophe Herreros
Le Dragon d’or-Panorama 14
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DESCRIPTION
quand l’artiste n’était pas là parce qu’il n’a pas pu venir ni toucher à rien et qu’à Taïwan ils travaillaient à changer la robe rouge, bleue, ou blonde de la femme à la mallette sur la vidéo, pour qu’elle s’installe rapidement et qu’elle passe et s’envole, et qu’ensuite l’avion reste comme accroché dans un ciel trop bleu avec au sol un diamant gros et triste comme une pierre en plâtre ; mais à la main de la femme, avec la robe pourtant, rien, une mallette pleine seulement, rangée avec application au-dessus du siège, mais ici du plâtre et des murs, quelques images et un hélicoptère s’encastrant indéfiniment dans une voiture personne ne l’avait bien vue ni entendue mais tout le monde avait eu un pressentiment, l’idée que tout était joué et qu’il allait se passer quelque chose ; et à ce moment-là l’avion était monté très haut et on s’était mis à attendre la chute lente alors qu’il flottait comme immobile au-dessus du sol gris et l’image programmée à Taïwan s’est arrêtée là christophe herreros produit cette année au Fresnoy un espace inconfortable, centré autour d’un « Dragon d’Or » intouchable et irréel. ici, nul besoin de la réalité : les images y sont autonomes, leurs objets incertains. ce sont d’autres images qu’elles redoublent, dans une esthétique de la citation – images du cinéma, du reportage 3D, du jeu vidéo, voire de la pédagogie d’aéroport – comme elles se redoublent elles-mêmes dans un jeu d’indices vagues – films, sculptures, modules. elles pointent ainsi la vacuité de leur propre statut et dévoilent les structures d’un monde fini, celui des SIMS, menacé par ses propres empêchements. nul besoin de l’artiste, dépossédé de ses fonctions au profit d’une production impersonnelle. nul besoin du spectateur, mis à l’écart par l’espace même de l’installation, qui masque les objets en même temps qu’il les présente. un travail sans producteur ni spectateur, dans un monde qui produit à vide, suspendu, et envolé. Esther Girard