• Bestiaire
    Denis Côté

Bestiaire -Panorama 14

  • DESCRIPTION

    Des animaux dans un zoo. Des jeunes gens qui dessinent une biche empaillée. Un atelier de taxidermiste où se réassemble ce qui fut un canard. Comment regarder un animal ? Comment le filmer ? Ni essai ni documentaire narratif, Bestiaire se présente comme un catalogue d’animaux, un album – ce qui est d’ailleurs l’une des acceptions du mot. Mais la musicalité vibratile de son montage, en raccordant l’oeil des bêtes à l’oeil humain, finit par diffracter les points de vue, par produire une égalisation mate de tous les éléments filmés. Vivants et morts, humains et animaux, employé de taxidermie et pin-up épinglée sur son mur : qui est véritablement objet du regard de l’autre ? Au fur et à mesure que le plaisir contemplatif de l’album cède le pas à une obscure inquiétude, Bestiaire dévoile sa force théorique.
    _ Charlotte Garson (Cinéma du Réel)

    Qu’est-ce qui peut bien se passer dans la tête d’un veau qui regarde
    un feu d’artifice ?
    Jules Jouy (1855-1897)

    Des animaux un zoo sans spectateurs
    Des empailleurs, des dessinateurs
    Des gardiens immobiles
    Tous nous regardent

    L’ensemble semble composer une chaîne
    Où chacun s’applique méticuleusement
    À effectuer sa tâche
    En attendant la mort
    Empailler, dessiner, prendre soin
    Observer jusqu’au moindre détail
    La chair immonde se décortiquer

    Tel un chirurgien opère son patient
    La caméra dissèque les animaux
    Chorégraphie les mouvements
    Capte le cri des bêtes
    Derrière la porte cadenassée
    Et toi spectateur ?

    Mais quel regard fait le plus froid dans le dos
    Celui du singe en cage ou celui du gardien
    Celui du spectateur indifférent
    Ou le regard de celui qui dessine l’animal
    Après l’empaillage clinique

    Ou bien encore ton regard
    Voyeur et impuissant
    Du haut de ton siège
    _ Joël Curtz