• J-M. Mondésir
    Alice Colomer
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J-M. Mondésir-Panorama 14

  • DESCRIPTION

    Des barres d'immeubles aux courbes presque douces, des piliers massifs autour du hall, les jeux d'enfants aux sièges de bois rouge. La caméra toujours mouvante glisse le long des constructions d'une cité-jardin, dévoilant un espace artificiel du bien-être où se sont installés des habitants dont la communauté de vie est elle aussi artificielle. Un chœur fragile. De la cage d'escalier aux appartements, des parterres fleuris aux voitures, c'est un décor monté de toutes pièces qu'Alice Colomer nous dévoile dans J-M. Mondésir, une cité aux airs d'amphithéâtre qui s'apprête à accueillir un sacrifice. En 2002, Georges Mondésir, un habitant de la Butte-Rouge, meurt suite à une intervention de police. Il est fou, ou simple d'esprit, ne ferait selon ses voisins de mal à personne. Mais inquiété par la présence d'enfants jouant avec un tuyau d'arrosage, il est apparemment descendu avec un couteau à beurre pour couper ce tuyau. Absurdité des conséquences. Disproportion. Ce n'est jamais un documentaire sur cette mort. C'est le ballet d'êtres perdus au milieu des immeubles dont seule la caméra a la liberté de s'échapper, prenant soudain son envol pour tout filmer de haut. C'est une histoire répétée jusqu'à l'usure par les témoins de la scène dont les récits ont été recueillis il y a dix ans. Et à l'écran Mondésir et le policier marchent lentement, si lentement, l'un vers l'autre tandis que les mots des habitants redisent la fin tragique. On ne la verra jamais : au moment où les deux hommes semblent se rejoindre, c'est la danse qui surgit sur la scène formée par les immeubles de la Butte-Rouge. On retrouvera Mondésir mort, sous une couverture thermique dorée, filmé par les portables des voisins qui eux ont « tout vu, tout vu de A à Z ». La différence est ainsi faite entre les témoins et nous – spectateurs. Paradoxalement, c'est de ce manque au centre du film, de ces ralentis aussi qui défient tout réalisme, que naît l'impression angoissante et juste qu'il s'est passé quelque chose. Alice Zéniter